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La fondation de La Voix des femmes

Femmes sur des marches tenant des pancartes où l’on peut lire « No Nuclear Arms for Canada – Pas d’armes nucléaires pour le Canada ». Duncan Cameron/Bibliothèque et Archives Canada/PA-209888

Pour la semaine du lundi 18 octobre 2021.

Le 20 octobre 1961, le Globe and Mail publie un éditorial de Jo Davis présentant aux lecteurs La Voix des femmes (LVDF), groupe militant canadien basé à Toronto qui allait faire campagne pour la paix mondiale et contre la prolifération nucléaire dans les années 1960.

À l’époque, le Canada est entraîné dans la course aux armements nucléaires qui marque la guerre froide par son alliance militaire avec les États-Unis; les deux pays ont promis une autodéfense mutuelle contre une éventuelle attaque de l’Union soviétique. Par ses engagements envers le Commandement de la défense aérienne de l’Amérique du Nord (NORAD), par exemple, le gouvernement canadien permet le déploiement de 56 missiles antiaériens américains à North Bay, en Ontario, et à La Macaza, au Québec. La nouvelle selon laquelle ces missiles Bomarc-B seraient armés d’ogives nucléaires déclenche une vague de protestations antinucléaires au Canada en 1960.

Dans le contexte des tensions nucléaires croissantes, la journaliste Lotta Dempsey organise « une conférence au sommet de femmes œuvrant pour le bien-être des enfants du monde entier » en juin 1960. Le rassemblement a lieu à Massey Hall, à Toronto, et donne naissance à LVDF. Sous la direction de la présidente fondatrice Helen Tucker, l’organisme somme l’humanité de « trouver un autre moyen que la guerre pour régler les différends internationaux », en préconisant « la construction et non la destruction ». Jo Davis, Dorothy Henderson, Beth Touzel et Maryon Pearson, épouse du premier ministre Lester B. Pearson, figurent parmi les quelque 5 000 membres initiaux. Au cours de sa première année d’existence, LVDF crée plus de 100 sections locales partout au Canada et étend ses activités au Japon, à l’Australie, à la Nouvelle-Zélande, au Nigeria et à la Jamaïque, en plus de commencer à établir d’importants contacts avec les mouvements féminins pacifistes d’autres pays.

Dans les années 1960, LVDF est un fervent défenseur du désarmement nucléaire. Sa présidente de la recherche, la physicienne Ursula Franklin, mène une étude scientifique sur les niveaux de strontium 90 dans les dents de lait et conclut que les enfants sont particulièrement susceptibles d’absorber cet isotope radioactif cancérigène. On trouve à cette époque des niveaux élevés de strontium 90 dans l’environnement en raison des essais d’armes nucléaires effectués à faible altitude dans l’atmosphère dans le monde entier. Par conséquent, LVDF adresse une pétition aux Nations Unies en faveur du Traité sur l’interdiction partielle des essais nucléaires de 1963, qui interdit les essais d’armes nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace et sous l’eau. L’organisme conseille également le gouvernement canadien sur les menaces de retombées radioactives et produit des émissions de télévision et de radio informatives pour le grand public. 

LVDF cherche à amener la paix dans le monde en organisant, par exemple, le Conseil international des femmes de septembre 1962, auquel participent des déléguées de l’Union soviétique, et en faisant campagne contre l’engagement américain dans la guerre du Vietnam (1966-1975). Ses membres organisent des visites d’échange avec des Vietnamiennes, mènent pendant dix ans un projet de tricot pour les enfants et les victimes de la guerre du Vietnam, et hébergent de jeunes hommes qui ont quitté les États-Unis pour éviter le service militaire ou ont déserté l’armée américaine. Au cours des années qui suivent, LVDF continue à plaider pour la paix et élargit son mandat afin d’inclure un plus large éventail de causes de justice sociale, y compris la défense des droits de la personne, les libertés civiles, la prévention des conflits, la résolution et la paix durable.

Massey Hall est un lieu historique national désigné. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada (CLMHC) conseille le gouvernement du Canada sur la commémoration des lieux historiques nationaux, qui peuvent comprendre un large éventail de lieux historiques tels que des jardins, des cimetières, des complexes de bâtiments et des paysages culturels.

Le Programme national de commémoration historique repose sur la participation des Canadiens pour identifier des lieux, des personnes et des événements d’importance historique nationale. Tout membre du public peut proposer un sujet à la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Voyez comment participer à ce processus.

Apprenez-en plus au sujet de l’approche de Parcs Canada sur l’histoire publique en consultant Le cadre pour l’histoire et la commémoration (2019) sur notre site web.
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